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Contribution de « Sauvons le Climat » à la réflexion sur la gestion des pointes de consommation de l’électricité (ateliers DGEC : novembre à février 2010)

  • Publié le 16 février 2010
SLC
  • Electricité
  • Stockage de l'énergie
  • Gestion de l'électricité
  • Production d’énergie

Pour Sauvons Le Climat (SLC) le cadre à mettre en place pour assurer une fourniture d’électricité de qualité à notre pays doit répondre aux trois axes du développement durable : l’environnement, l’économie et le social, et viser en conséquence à l'optimum économique et environnemental du parc électrique

·         Environnement : priorité à la réduction globale des émissions de CO2 de la France.  

·         Economie : privilégier les moyens conduisant aux meilleurs coûts et améliorer la balance commerciale en contribuant à la réduction des importations des combustibles fossiles consommés par le secteur électrique, et également par le bâtiment et les transports

·         Social : privilégier l’emploi en France et préserver le coût moyen annuel de l’électricité pour les familles.

Si les ateliers organisés par la DGEC ont été riches d’informations, SLC regrette qu’aucune analyse comparative des solutions présentées, tant au point de vue émissions de CO2 et que de celui de leur efficacité économique n’ait été proposée.

Par ailleurs, faute de définitions claires, une certaine confusion entre « pics » saisonniers, « variations » hebdomadaires et « pointes » journalières a été constatée.

1.        Remarque préliminaire importante

L’examen de la consommation d’électricité et des pointes qui en résultent ne peut se limiter au contexte actuel de production et de consommation d'électricité. En effet l'électricité devrait  dans le futur jouer un rôle  fortement accru dans les secteurs du bâtiment et du transport, ou elle se substituera à des énergies fossiles qui contribuent aux 2/3 de nos émissions de gaz à effet de serre. C’est la raison pour laquelle la vision à moyen/long terme doit inclure l'impact des augmentations de consommation électrique (après déduction des améliorations escomptables en terme d’efficacité énergétique) pour déterminer le niveau requis des puissances non carbonées à installer en base et semi base. 

 

2.        Concernant les pics saisonniers

 

Pour expliquer ces pics, le chauffage électrique est parfois mis en cause, en particulier par les opposants au nucléaire. SLC s’en inquiète et rappelle que, si les performances CO2 de la France sont meilleures que celles de nombreux pays européens, elle le doit largement au développement des électricités hydraulique et nucléaire, au chauffage électrique dans les bâtiments et à l’extension des procédés électriques dans l’industrie.

Pour modérer les coûts considérables que pourraient entrainer les objectifs que se sont assignés l’Europe et le pays pour 2020 et 2050, s’impose un recours très prioritaire à des sources d’électricité non carbonées, et ajustables en fonction du besoin. Ceci  implique de :

·         redimensionner le parc de centrales « pilotables » pour retrouver, comme en 2000, une réserve de puissance de semi base non carbonée permettant de disposer d’une capacité d’exportation d’électricité (exportations à haute valeur ajoutée) et de faire face à des évènements climatiques extrêmes[1].

·         poursuivre la substitution de l’électricité non carbonée aux énergies fossiles dans l’industrie et les transports à chaque fois que les gains en émission de CO2 et les coûts le justifient.

·         limiter drastiquement le recours au gaz et au fuel pour le chauffage en privilégiant la biomasse et les solutions électriques (notamment les PAC et systèmes de chauffage hybride).

SLC rappelle que le suivi saisonnier est assuré à coût limité par une programmation adéquate des opérations de maintenance de centrales de puissance.

 

3.        Concernant les variations hebdomadaires

Les variations hebdomadaires des consommations sont essentiellement liées à l’activité économique. Le chauffage électrique, à cinétique d’évolution lente et assez constant sur la semaine, ne contribue que marginalement à ces variations. La souplesse de fonctionnement et la disponibilité des moyens de production de base et semi base non carbonés suffit à assurer le suivi des consommations. Un recours accru aux STEP (Stations de Transfert d’Energie par Pompage) pourrait apporter une marge complémentaire, particulièrement dans les « zones non Interconnectées au Réseau », et restituer à la base certains moyens de production, à condition de rémunérer convenablement ces productions.

4.         Concernant les variations quotidiennes

 

Elles sont essentiellement liées à l’activité économique (en semaine) et aux consommations domestiques hors chauffage (soir en particulier), qui sont croissantes. Leur suivi repose aujourd’hui sur un parc de production « piloté », carboné (qu’il faut réduire) et non carboné, sur des prévisions fiables et parfois en recourant à des importations.

L’introduction massive d’énergies intermittentes moyennement prévisibles à l’échelle de l’heure, va rendre de plus en plus complexe le pilotage de la production et amplifier l’effet « pointe »[2].

 

SLC privilégie les pistes d’actions qui permettent de réduire les émissions de CO2 tout en équilibrant au meilleur coût le réseau électrique :

 

·         Généralisation des compteurs bi-tarifs à tous les logements, avec mise en place de conditions incitatives. En accompagnement, obligation pour les fabricants d’appareils électroménagers d’introduire des commandes de mises en fonctionnement différées. La technologie est déjà disponible pour ces deux actions.

·         Généralisation progressive de technologies du type compteurs intelligents permettant des actions automatiques ou volontaires d’effacements supplémentaires. La création de nouvelles tranches horaires semble souhaitable mais ne doit pas se traduire par une dérive du prix moyen de l’électricité. Cela n’exclut pas que les tarifs des tranches effaçables soient incitatifs, surtout si elles sont ordonnées par le fournisseur.

A cet effet SLC a fait remarquer que les bâtiments chauffés électriquement représentent un potentiel important d’effacements courts (de l’ordre de l’heure) qui, dans des logements mieux isolés, auront un faible impact sur le confort des usagers.

·         En ce qui concerne les énergies intermittentes, et en particulier les éoliennes, la règlementation devrait dès aujourd’hui commencer à imposer aux producteurs de mettre en place progressivement des moyens de lissage horaire de leur production (stockage d’énergie équivalent par exemple à une à deux heures de production), et d’amélioration de la qualité de l’électricité délivrée (tension et fréquence).

 

Conclusions principales

 

Le niveau d’équipement en centrales de puissance pilotables non carbonées (y compris STEP) devra être renforcé pour redonner au parc électrogène non fossile les marges dont il bénéficiait en 2000 par rapport aux pics de puissance annuels et redresser les capacités d’exportation.

Le recours à des effacements pour réduire l’appel à des centrales fossiles lors des pointes de consommation électriques est une nécessité écologique et économique.

Des tarifs diversifiés sont nécessaires pour encourager les actions d’effacement. SLC s’oppose cependant à l’instauration de tarifs « punitifs », socialement inacceptables, et souligne qu’une électricité non carbonée disponible à un prix compétitif est d’autant plus nécessaire que la technologie en multiplie les usages.

Le chauffage électrique contribue largement à la réduction des émissions françaises de gaz à effet de serre. Dès lors qu’il sera associé à des compteurs intelligents, contrairement aux assertions courantes, ce mode de chauffage contribuera à la réduction des pointes quotidiennes et à la réduction des émissions de gaz à effet de serre (gaz carbonique et méthane).

Dans l’hypothèse où les projets français de développement des énergies renouvelables intermittentes seraient maintenus aux niveaux programmés, les producteurs de ces énergies devront associer à leurs parcs des moyens de stockage d’électricité De plus les distributeurs (RTE et/ou ERDF) devront se voir attribuer des moyens permettant d’interrompre automatiquement les productions lorsqu’elles mettent en péril l’équilibre du réseau (concept de « commandabilité » déjà instauré en Allemagne, en Espagne et au Danemark).

Plus globalement la pertinence des moyens retenus pour maîtriser les pointes devrait être assise sur une évaluation exhaustive de leurs performances CO2 et économiques, aides et déduction fiscales comprises.



[1]Trois filières fortement créatrices d’emploi seront sollicitées en France : l’hydraulique, le nucléaire et la biomasse. Il est rappelé qu’il y a urgence compte tenu de la de la fermeture programmée d’anciennes centrales fossiles d’ici 2015.

 

[2]Les fluctuations horaires de puissance demandées aux centrales électrogènes pilotables, compte tenu des objectifs de déploiement des ENR, pourraient doubler d’environ 6 GW par heure à 12 GW par heure en 2020: la charge de ce suivi devra être partagée entre des moyens de production de pointe et des effacements.

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