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Dans la ligne du « Grenelle de l'Environnement », trois mesures emblématiques pour développer le photovotaïque (PV) ont été mises en place:

 - Instauration de tarifs d'achat de l'électricité PV très avantageux, avec trois catégories:

(1)   les toits des maisons individuelles (sous réserve d'une bonne « intégration au bâti »),

(2)   les toits des hangars à vocation industrielle, agricole, ou commerciale et

(3)   les installations  au sol.                                                               

EDF doit racheter toute l'électricité ainsi produite à ces tarifs. Ce rachat doit être remboursé à EDF par la facture d'électricité faite aux usagers (pardon: on dit maintenant clients!). Cette surfacturation, appelée CSPE (Contribution au Service Public d'Electricité), était initialement destinée à compenser les surcoûts entrainés pour EDF par la desserte des zones non interconnectées (Corse, DOM) et à le solidarité avec les plus démunis...

- Création d'un crédit d'impôts, initialement fixé à 50% de l'installation, visant à favoriser les installations sur les toits de maisons individuelles. 

- Décision de mettre en œuvre une puissance minimale PV dans chaque région, afin de favoriser l'installation de centrales solaires de grandes dimensions.

En 2009, le tarif garanti était de 60,18 centimes le kilowattheure (kWh), soit 600 Euros/MWh, plus de 10 fois le prix de production de l'électricité industrielle que cette production photovoltaïque était censée remplacer. Un grand nombre de bâtiments agricoles, de parkings... ont été construits dans l'unique but de produire de l'électricité vendue à ce prix. L'engouement pour ce système a été très important, et les seules nouvelles demandes fin 2009 totalisaient une capacité de production de 5,4 gigawatts-crête, l'équivalent sur une année de la production d'une petite centrale nucléaire! Pour tenter bien timidement d'endiguer cette vague verte, de nouveaux arrêtés ont abaissé à 58 centimes d'euro ce tarif, qui reste le plus élevé du monde.

Dans le même temps, confrontée au même problème avec un peu d'avance, l'Allemagne réduisait ses tarifs: les experts estiment qu'avec leurs tarifs passés, garantis sur 20 ans, (3000 MW installés en 2009), ils devraient déjà débourser 53 milliards (Giga) d'Euros (G€) sur 20 ans pour le PV, et 16,7 G€ en 2011 pour l'ensemble des renouvelables [1]. Quant à l'Espagne, noyée par la montée du coût des renouvelables (6,79 G€ en 2009, dont 2,5 G€ pour le PV – pour seulement 2% de la production électrique – et 6 G€ de PV à prévoir en 2010), elle a diminué considérablement son tarif. Ces tarifs sont actuellement :

 

Tarif(1) « domestique »

Tarif(2) « logistique »

Tarif (3) « au sol »

France (hors ZNI)

580 à 440

510 à 370

276 à 331

Allemagne

330 à 250

300 à 250

240

Espagne

340 (426 en 2007)

320 (<10MW)

320

 

Etat des tarifs (en Euros par MWh)  en fin-2010, dans trois pays qui pratiquent le même type d'obligation d'achats.

Les Etats se sont engagés en général sur 20 à 25 ans à tenir les tarifs signés par contrat au moment où  les installations sont programmées (même si leur installation effective tarde), et ils ont été rapidement confrontés à une ruée spéculative.

Pour comprendre simplement cette ruée spéculative, donnons des ordres de grandeur:

Une installation « au sol » coûte entre 3 et 4 Euros par Watt crête (Wc). Evidemment, le prix augmente pour le bâti, car il faut chaque fois l'insérer sur le toit et mettre en place un régulateur qui permet d'injecter le courant sur le réseau, car l'électricité, payée à ce prix, n'est jamais autoconsommée, les abonnés préférant acheter de l'électricité au tarif régulé (dit souvent tarif « réseau », autour de 110 €/MWh TTC en France). Le prix de  l'installation en France est alors (fin 2010) autour de 6 €/Wc, ce qui fait qu'une installation de 25m2, qui fournit 3KWc coûte autour de 18 000€.

Rappelons que les crédits d'impôts permettaient jusqu’à peu de s'en faire rembourser près de la moitié. Ensuite, l'amortissement se faisait sur la vente de l'électricité. Celle-ci est proportionnelle à l'ensoleillement qui  représente 800-1100 heures par an en Allemagne, 1000-1500 en France, 1600-1800 en Espagne. Cela veut dire par exemple qu'un Watt crête en France métropolitaine produit autour de 1.2 KWh en une année, et donc rapporte autour de 0.7 €. Pour notre installation, cela représente 2100 €/an, et elle est amortie en moins de 10 ans.

Ceci a entraîné un très rapide développement des projets, avec une prolifération de petites entreprises qui entendaient tirer profit de cette aubaine. Les cellules et une bonne partie des panneaux sont importées, la Chine se montrant très compétitive, en concurrence avec les compagnies allemandes.. Photowatt, entreprise française ayant du mal à aligner ses prix a donc une contribution mineure[2]. Tous les propriétaires de maison ont été l'objet de nombreux démarchages, coups de fil, e-mails... proposant de prendre en charge toutes les démarches et de minimiser les tracas pour ... partager le pactole.

C'est donc une « économie de l'installateur » que nous avons vu se mettre en place. Cela est confirmé par les chiffres du SER (Syndicat des Energies Renouvelables) [3] qui  fait état de 24 000 emplois dans cette filière, dont 16 000 dans l'installation.

Récemment, le gouvernement, confronté à de graves difficultés budgétaires a décidé de réduire cette « niche fiscale » et de ramener le crédit d'impôt à 25% dans le futur budget. Le résultat immédiat a été une nouvelle vague de sollicitations des heureux propriétaires de maisons individuelles et  le nombre de demandes mensuelles d'interconnections a bondi à 800MW en Aout. Cela porte donc le total des demandes en cours d'étude et en travaux à 3800MW [4]! Solaire qu'il faudra payer au prix fort, sur 20 ans, et même avec une petite indexation sur l’inflation.

La Commission de Régulation de l'Electricité vient de tirer la sonnette d'alarme[5]. Elle estime que la CSPE, destinée à facturer ce supplément aux utilisateurs finaux doit être portée en 2011 à 4,8 milliards d'Euros (éolien inclus), compte tenu des retards précédents (c'est EDF qui a avancé l'argent...), ce qui représente un surcoût de près de 8 €/MWh, une augmentation du prix de l'électricité de plus de 7% pour les particuliers! Evidemment, dans le contexte actuel, le gouvernement ne pourra pas répercuter cette augmentation. EDF devra donc supporter ce déficit, et sa capacité d'investissement en sera diminuée d'autant.

En développant une politique irresponsable et irréfléchie de subvention du PV, la France est en train de « manger » son investissement passé (EDF) et se met dans l'incapacité d'investir efficacement pour l'avenir des jeunes générations. De plus, du fait de son coût élevé mobilisant des capitaux énormes, et parce que notre électricité est déjà produite avec peu d'émissions de CO2, ce développement irraisonné du PV a pour effet concret de freiner la lutte contre les émissions de CO2. Clairement, le PV ne devrait se développer dans un premier temps que dans des pays très ensoleillés, et prioritairement dans des régions dépourvues de réseau électrique. Le lourd subventionnement des emplois dans cette filière va aboutir évidemment à des problèmes sociaux. Ainsi, en Espagne, 75 000 emplois (82% des travailleurs de la filière) ont été perdus en 2010 après que le gouvernement ait mis un coup de frein à l'explosion du coût de l'éolien, et il est évident que l'économie de l'installateur mise en place est particulièrement vulnérable.

« Sauvons le Climat » considère que rien ne justifie les sommes que l’on consacre au photovoltaïque. C’est une insulte à ceux qui ont peu d’argent, chez nous et dans les pays en développement. Les communes qui se flattent de mettre des panneaux PV sur les écoles y gagnent un peu financièrement mais enseignent à leurs élèves le gaspillage.

« Sauvons le Climat » réprouve le développement de spéculations qui ne profitent ni au climat ni au développement industriel. Nos investissements doivent se concentrer sur des mesures plus efficaces et mieux ciblées: transports propres (trolleys, tramways, ferroutage, voiture électrique..), remplacement des chaudières au fuel et au gaz par des pompes à chaleur dans un habitat mieux isolé... L'amélioration de l'isolation et la mise en place d'une industrie de la pompe à chaleur, bien que ne faisant pas partie de la haute technologie, seraient des contributions bien plus efficaces à la réduction de nos émissions de CO2, tout en fournissant des emplois dans la construction et l'installation. Le développement des énergies alternatives doit avant tout faire l'objet de recherches visant à rendre économiquement viables celles dont l'efficacité à réduire les émissions sont les plus prometteuses.

Le solaire électrique pourrait devenir essentiel dans certaines parties du monde si des  progrès importants résultaient de programmes de recherche ambitieux, générateurs de propriété industrielle et d'emplois nationaux, essentiellement pour l'exportation. Les pistes de recherche sont identifiées: cellules haute efficacité (multijonctions avec ou sans concentration), méthodes de fabrication hautement automatisées, économie de matière. Les sommes englouties sous forme de crédit d'impôt pourraient être utilement réorientées vers ces recherches.

En outre,  « Sauvons le Climat » demande, comme cela est prévu dans les textes du « Grenelle » qu'un bilan économique sérieux soit fait quant au coût des diverses méthodes de diminutions des émissions de CO2.



[1]             -Enerpresse n°10182 du 15 Octobre, p. 3

[2]             -Enerpresse n°10170, 30 Septembre 2010, Document, p. II

[3]             -Enerpresse n°10186, 22 Octobre 2010, p. 1

[4]             -Enerpresse n°10176, 7 Octobre 2010, p. 4

[5]             -Enerpresse n° 10182, 15 Octobre 2010, p. 1

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Scénario NEGATEP 2021

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L'association "Sauvons le climat" publie son scénario énergétique "Négatep". Celui-ci vise à améliorer l'efficacité énergétique sans renoncer à l'efficacité économique et pose donc la question suivante : peut-on abaisser les rejets de CO2 sans altérer le bien-être de la population ni entraîner de dépenses inconsidérées ?

Lien vers la présentation du livre  : Scénario pour réduire les émissions de CO2 de la France d'ici 2050-2060

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