Jean POITOU
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Les industriels doivent-ils gérer le bilan radiatif de la Terre ?

Selon l’AFP[1], l’organisme ISO[2] encouragerait les industriels à réduire leur contribution au réchauffement climatique au moindre coût, en gérant le forçage radiatif, c’est-à-dire le rapport entre l’énergie reçue du soleil et l’énergie quittant la Terre. En effet, une voie moins coûteuse que la diminution des émissions de CO2 serait l’atténuation du rayonnement solaire arrivant à la surface de la Terre, qui se ferait en injectant des sulfates dans la stratosphère, comme le font les éruptions volcaniques intenses.

[1]  https://www.afp.com/fr/infos/3734/climat-la-geo-ingenierie-au-coeur-des-futures-normes-industrielles-doc-1jp53c2

[2] l’ISO (International Organization for Standardization) est l’organisme chargé d’élaborer les normes internationales dans les domaines industriels et commerciaux

Si cette solution est techniquement réalisable, on n’en maîtrise pas encore les conséquences. Certes, une injection mesurée de sulfates éviterait d’aller jusqu’aux conséquences de l’éruption du Tambora en 1815, qui a entraîné un refroidissement tel que 1816 a été baptisée année sans été, à l’origine de récoltes agricoles catastrophiques et d’une grande famine touchant l’ensemble de l’hémisphère nord. Mais, indépendamment d’effets sur la température, les sulfates seraient à l’origine de pluies acides, dont il est difficile de prévoir l’ampleur et les conséquences.

En outre, une telle solution requiert que l’injection de sulfates soit répétée tous les ans : si l’effet calculé, sur la température, est bien réel, sa durée reste brève si l’on n’entretient pas le stock de sulfates dans la stratosphère. En cas d’abandon de l’injection, la température regagnerait de façon extrêmement rapide les valeurs qu’elle aurait atteintes en l’absence de sulfates. Et comme ce procédé de géo-ingénierie aurait été employé pour atténuer le rayonnement solaire sans réduire les émissions de CO2, leur contenu, alors élevé, entrainerait un bond brutal de la température.

Enfin, comme le souligne la dépêche de l’AFP, ce n’est pas aux industriels mais aux gouvernements, sur une base internationale, de décider quelles mesures prendre pour limiter le réchauffement.

« Sauvons Le Climat » ne peut que s’insurger contre un tel projet et réaffirme qu'il revient aux gouvernements de prendre, sur des bases scientifiques, les décisions pour combattre le dérèglement climatique.

Texte disponible au format pdf :    ISO et bilan radiatif

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