Anne-Marie Goube
  • Bourgogne Franche-Comté

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Le réchauffement du climat fiction ou réalité ?

C’est Jean Poitou, climatologue, qui a ouvert le Colloque  organisé par « Sauvons le climat », la SFP et la SFEN Bourgogne le lundi 20 Avril 2015 au Conseil Régional de Dijon : Comment réduire nos émissions de CO2 et de GES et sortir des énergies fossiles

Jean Poitou : « le climat de la Terre se caractérise par une alternance de périodes glaciaires et interglaciaires depuis plus de 3 millions d’années. » En Sicile, le site de la Scala dei Turchi présente des couches successives de dépôt de marnes avec des espacements qui correspondent exactement aux courbes reconstituées par les paléo climatologues et leurs prélèvements de carottes glaciaires ; les transitions qui font passer d’une période chaude à une période froide sont dues à l’action du soleil augmentée par l’action des gaz à effet de serre.

Il y a 20 000 ans, en période glaciaire, 3 km de glace recouvrait tout le nord de l’Europe et de l’Amérique, l’océan était 120 m plus bas qu’aujourd’hui, tout ceci sous une température de seulement 5°C de moins. En témoignage  de ce niveau très bas des mers, la grotte ornée paléolithique  Cosquer dans la calanque de la Triperie à Marseille est aujourd’hui sous 35 m d’eau.

Le climat fait intervenir des interactions entre l’atmosphère, l’océan, la végétation, tout ce qui est glacé et tout cela est un système chaotique et sujet à des fluctuations importantes mais les courbes indiquent que l’on est aujourd’hui au-dessus de tout ce que l’on a connu depuis 11000 ans en température. De plus ce réchauffement est très rapide, la troposphère se réchauffe tandis que la stratosphère se refroidit, les nuits sont plus affectées que les jours, les minimales augmentent plus vite que les maximales

On observe une augmentation du nombre annuel de journées chaudes. La banquise Arctique fond chaque année de plus en plus tôt. Le glacier Muir (Alaska) a reculé de 12 km et son épaisseur a diminué de 800m. La surface enneigée dans l’hémisphère nord décroit régulièrement. Les vendanges, les floraisons des arbres fruitiers sont plus précoces, certains oiseaux migrateurs restent en France… La chenille processionnaire monte de plus en plus vers le nord, son extension n’est limitée que par la température.

Jean Poitou : « Qu’est-ce qui fait varier le climat ? L’orbite de la Terre, mais sur quelques dizaines de milliers d’années, la variabilité interne du climat due au El Niño, l’activité volcanique générant de la poussière empêche le rayonnement solaire et peut refroidir la température pendant 2 à 3 ans ; pour l’activité solaire, le cycle de 11 ans des tâches solaires a un effet extrêmement faible. Ce que fait l’homme a un effet cumulatif pour le CO2. La diminution infime mais mesurable de l’oxygène atmosphérique indique l’importance des combustions. »

Sans effet de serre la température serait de -18°C alors que la température de la Terre est de +15°C. Les principaux  contributeurs à l’effet de serre sont la vapeur d’eau,  le CO2, le méthane, l’oxyde d’azote. Mais l’homme y ajoute du CO2 qui reste plusieurs siècles. Les principales activités humaines en cause sont les transports, l’industrie, l’agriculture, la production d’électricité, les fuites des gazoducs, les rizières, les oxydes d’azote proviennent des engrais. Le changement climatique n’est pas seulement le réchauffement de l’atmosphère puisque l’océan stocke 93% de l’excès de chaleur absorbée par la planète Terre, les sols n’en stockent que 3%, la fonte des glaciers et calottes polaires en consomme 3%, ce qui fait que seulement 1% sert à accroître la température de l’atmosphère  mais le réchauffement perturbe le régime des pluies, des courants marins, et l’intensité des événements extrêmes.

Jean Poitou : « Quel sera le réchauffement au cours du 21ème siècle selon que l’on fait attention ou pas ? Si on ne fait rien, à la fin du siècle c’est la catastrophe ; il faut prendre maintenant les décisions dont on ne verra les effets que dans 3 ou 4 ou 5 décennies. Ce sont des décisions pas forcément populaires qui n’ont pas d’effet immédiat. »

Il faut remonter à 50 millions d’années pour trouver une concentration de CO2 comparable à celle vers laquelle on se dirige : les pôles étaient habités par des espèces tropicales, l’homme et ses ancêtres n’ont jamais connu de telles conditions. Le réchauffement est inéluctable et impactera le climat pour des millénaires du fait de nos émissions de gaz à effet de serre.

                                                                    

Anne-Marie Goube

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