JF Levier
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  • Prospective
  • Production d’énergie

JF.Levier

Ingénieur AM et Université d'Oklahoma (USA).

(Carrière internationale dans le secteur pétrolier et para-pétrolier)

Septembre 2012

    Dans les années 50, le gaz de Lacq a été découvert puis exploité ainsi que le pétrole brut pendant des années pour contribuer largement aux trente glorieuses : fourniture de gaz dans tous les foyers de France, production et exportation du soufre et formidable développement économique de tout le bassin aquitain. La ville de Pau entre autres a été largement bénéficiaire. Même de nos jours tout autour de Lacq de nombreuses industries qui se sont implantées dont AIR LIQUIDE et  le japonais TORAY, leader mondial des fibres de carbone,  sont toujours en activité. TOTAL y a son centre scientifique et de recherche. Cependant ce gaz de Lacq présentait des difficultés techniques et environnementales bien plus sévères que les gaz de schiste. Il était si toxique et mortel que les experts pétroliers américains de l’époque disaient qu’il était inexploitable C’est grâce aux dirigeants de la SNPA (Société Nationale des Pétroles d’Aquitaine , ancêtre de ELF) et des gouvernements de l’époque et ensuite du général De Gaulle, que les ingénieurs français se sont attelés à la tâche avec ténacité . Des progrès technologiques importants ont été obtenus : en métallurgie pour les tiges de forage et les canalisations, en processus de forage, en traitement du gaz pour en extraire tout le soufre. Tous ces efforts et cette volonté nationale ont été très bénéfiques pour la région et la France malgré quelques inconvénients temporaires pendant la phase de forage.

Après le Sahara , puis la mer du Nord, les pétroliers français ont ainsi démontré leur savoir-faire. Ce passé  doit être rappelé alors que nous prenons un retard d’au moins cinq ans par rapport aux Etats-Unis, à la Chine, au Canada, en Australie et bien d’autres en Europe, dans l’exploration et l’exploitation de cette ressource nationale potentielle, qu’est le gaz de schiste. Quand on constate que les importations du gaz naturel  de Russie, Norvège, Algérie nous coûte dix milliards d’euros  par an en plus des quarante milliards pour le pétrole et que ce déficit va aller en s’accroissant car la demande mondiale est en expansion , on est éberlué par le manque d’audace et de responsabilité de nos gouvernants actuels.  Certes le gaz naturel est aussi polluant quoique moins que le pétrole et le charbon et de plus, qu’il soit importé ou produit localement , le problème de sa pollution de l’air reste posé. Dans l’état actuel de nos finances, après trente ans de déficits budgétaires ininterrompus, la priorité est de rétablir notre balance commerciale et nos finances publiques, ce qu’avait réussi le général De Gaulle avec Pinay, son ministre des finances. Il affirmait qu’il n’y avait pas d’indépendance nationale sans avant tout, des finances saines. L’exploitation du gaz de schiste, en plus des 100 000 nouveaux emplois créés, y contribuerait substantiellement. La transition énergétique de nos jours ne se justifie absolument pas, d’autant plus que la France grâce à l’énergie nucléaire et à l’énergie hydraulique est de loin la grande puissance la moins polluante de l’atmosphère. Avec les économies d’énergies, cette exploitation serait bénéfique pour un avenir proche.

Seule une exploration initiale par forage permet de se faire une meilleure idée du potentiel de cette ressource nationale pour cinquante ans de consommation, selon les premières estimations des géologues et de bien définir par prises de carottes, les paramètres de la fracturation hydraulique adaptée spécifiquement aux conditions  locales en toute sécurité pour l’environnement et économiquement. Le ministre Borloo l’avait compris et avait délivré quelques permis d’exploration. Malheureusement il n’a pas été suivi par son successeur, la ministre NKM, pourtant ingénieur de Polytechnique, qui pour des raisons d’élection présidentielle, avait suspendu ces permis.

Deux techniques ont permis de nos jours le remarquable développement des gaz et du pétrole de schiste : le forage horizontal et la fracturation hydraulique. La première a été développée depuis l’exploitation offshore en particulier, en mer du Nord. Une plateforme pétrolière y coûte 3 à 4 milliards de dollars. Il s’agissait donc de drainer la plus grande étendue du gisement  par le plus petit nombre de puits forés. En forant des drains horizontaux pouvant atteindre 5000m, à partir de quelques puits verticaux on aboutit à ce résultat. L’autre technique, la fracturation hydraulique est une technique ancienne de plus de quarante ans, mise en pratique par de grands para-pétroliers comme Halliburton et Schlumberger dans beaucoup de chantiers dans le monde pour augmenter la perméabilité des roches. Dans le cas du gaz de schiste, elle est indispensable car celui-ci est piégé dans la roche-mère imperméable, qu’il faut donc fracturée pour permettre au gaz de s’écouler vers le drain collecteur par les micro-fissures ainsi créées par l’eau injectée sous très forte pression (1000 bars). Cette eau n’a pas besoin d’être potable, et 20 000 m3 sont généralement suffisants. Quand on pense au gaspillage de l’eau potable en France pour l’arrosage des jardins et le lavage des voitures, c’est à se demander si l’on est bien au pays de Descartes. De plus cette eau à son retour est traitée pour y enlever toute impureté avant d’être disposée.

Une autre objection des "verts", qui ne sont pas des scientifiques, contrairement aux écologistes, est le risque de pollution des nappes phréatiques. Ceci est en France, une aberration car les nappes phréatiques sont en surface, 100 m, 200 m , maximum 600 m alors que les gisements de gaz de schiste sont à 3000, 4000m de profondeur séparés par des strates imperméables et que les micro-fissures n’atteignent que quelques mètres autour du drain horizontal.

Les médias français ont largement participé à répandre la peur et ont manqué à leur devoir d’information  en diffusant un film sur un cas de pollution de nappe phréatique en Pennsylvanie. Il s’est avéré que dans le cas de ce film, le méthane allumé au robinet de la cuisine provenait de mines de charbon peu profondes. Rappelons-nous les coups de grisou de nos mines de charbon. Ils ont omis de rappeler qu’aux Etats-Unis le sous-sol appartient au propriétaire du sol alors qu ‘en France, il appartient à l’Etat. Aucune intervention ne peut s’y faire sans une multitude d’autorisations administratives et le contrôle très strict d’organismes d’état telles que le service des mines, le BRGM, l’IFP et d’autres services ministériels.

Nous avons en France la chance d’avoir une grande compagnie pétrolière mondiale TOTAL, qui a toutes les compétences techniques et les moyens financiers de mener à bien une telle exploration et ensuite exploitation, économiquement et sans atteinte à l’environnement pour le plus grand bien public, sous le contrôle vigilent des organismes d’état. Total  participe déjà dans ce domaine aux Etats-Unis, en Pologne, au Danemark, en Chine  et investira ailleurs si la France le lui interdit.

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