• Publié le 23 décembre 2009
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Vers la « décroissance » électrique ?

La France serait menacée d'une grande panne électrique; il y aurait actuellement une dizaine de réacteurs à l'arrêt pour cause de maintenance. Sans doute indépendamment de toute idéologie, les docteurs Diafoirus1 de l'énergie, « Sortir du nucléaire » en tête, mettent en accusation le nucléaire, comme s'il ne pouvait y avoir de grève dans un parc de centrales à charbon. Comme remède à la tension provoquée par cette indisponibilité, les Diafoirus proposent tout simplement de diminuer le nombre de réacteurs nucléaires …On voit d'ailleurs, à cette occasion, à quel point la « décroissance » serait difficile puisque la seule peur du manque mobilise immédiatement les médias. Soyons donc sérieux. Les difficultés signalées par RTE ont des origines conjoncturelles et structurelles.

Les causes conjoncturelles

Au premier rang de celles-ci sont avancées les grèves du printemps et de l'été qui ont retardé les opérations de maintenance sur plusieurs réacteurs . En second rang, se trouve probablement, selon ce qu'on a pu comprendre des projets du nouveau patron d'EDF, Henri Proglio, le fait qu'EDF a diminué les dépenses affectées à l'entretien et à la maintenance préventive, sans doute pour se livrer à une croissance externe par rachat d'opérateurs étrangers, au point que 50% de son chiffre d'affaires est réalisé à l'étranger. Il semble aussi que la motivation du personnel ait faibli au cours des récentes années, en particulier à cause de la centralisation accrue de la gestion du parc nucléaire au détriment de la responsabilité des directeurs de centrale, et d'une financiarisation de la boussole stratégique. Mais les causes principales des difficultés actuelles sont structurelles

Les causes structurelles

Une première constatation est que les deux régions les plus menacées de pannes sont la Bretagne et la région de Nice. Aucune n'a de centrale nucléaire sur son territoire (la Bretagne ayant refusé Plogoff et Le Carnet). De plus, des groupes environnementalistes efficaces se sont opposés avec succès à l'installation de lignes THT les reliant au reste du pays. La Bretagne a vu s'envoler (!) le nombre d'éoliennes, puisque qu'une puissance éolienne nominale de 430 MW 2 y a été installée. Mais, pendant la période froide que nous venons de connaître, la puissance effective a chuté, n'atteignant que 40 MW. Alors qu'on stigmatise le nucléaire lorsque sa disponibilité est inférieure à 85%, on ne dit pas un mot de l'éolien lorsque la sienne n'atteint pas 10% ! Puisque l'éolien semble peu fiable, les docteurs Diafoirus nous proposent-ils de remplacer le nucléaire par du solaire photovoltaïque? Sous les nuages et en hiver ou même la nuit ?

La cause profonde de la tension actuelle est claire : un défaut d'investissement dans la production fiable (et « dispatchable » comme disent les gestionnaires de réseau) des centrales thermiques (nucléaires ou fossiles) ou hydrauliques.

Le dernier réacteur mis en service date de 1998, alors que, depuis 2000 la production d'électricité est passée de 541 à 575 TWh3 (dernier chiffre pour 2008) et les exportations de 71 à 48 TWh. En d'autres termes, la consommation intérieure a augmenté de 10,5%4  (l'équivalent de la production de 7 réacteurs nucléaires de 900 MW). Pendant ce temps, sans investissement supplémentaire, le nucléaire est passé d'une production annuelle de 415 à 440 TWh, la production renouvelable (hydraulique + éolien) de 72 à 75 TWh, malgré la construction de 3000 MW d'éoliennes (équivalent, en puissance nominale, à celle de 3 réacteurs nucléaires) et la production thermique de 53 à 60 TWh (environ 1 réacteur).

Bien entendu, les docteurs Diafoirus (on en trouve qui s'expriment dans les colonnes d'un journal du soir bien connu) ont chanté l'antienne dénonçant les 80% d'électricité nucléaire. Il s'agit là de la production moyenne sur l'année, y compris des périodes où, pour des raisons d'optimisation des coûts, le nucléaire est pratiquement la seule source d'électricité utilisée. Dans les périodes de pointe, ce qui compte, ce n'est pas la puissance moyennée sur l'année, mais bien la puissance disponible au moment considéré. Or (en 2006), la puissance du parc nucléaire ne représentait que 56% de celle du parc entier.

Les tensions observées actuellement sur la fourniture d'électricité en France sont, avant tout, la conséquence d'un manque d'investissement dans les centrales destinées à fonctionner en base et en semi-base. Puisque l'éolien n'est pas stable et que l'hydraulique est idéal pour fournir la production de pointe, ce type de fonctionnement ne peut être le fait que de centrales thermiques, nucléaires ou fossiles. Il est clair qu'augmenter la puissance de base ou de semi-base conduirait à un suréquipement pendant les périodes estivales où la consommation est plus faible et, donc à des exportations, dans la mesure du possible, à un prix probablement assez bas. A contrario les importations en période de pointe pourraient diminuer ou même devenir des exportations comme cela fut le cas jusque dans les années 2000. Mais peut-on à la fois reprocher à EDF d'exporter de l'électricité et, en même temps, l'accabler si d'aventure elle en importe ? Il faut être cohérent.

Nous aimerions que ceux qui critiquent à longueur d'année l'option du tout nucléaire disent clairement qu'ils eussent préféré la construction de centrales à charbon ou à gaz (presqu'aussi polluant que le charbon, si l'on veut bien considérer l'ensemble de la chaîne, du « puits à la roue », du fait des fuites de méthane, gaz bien plus « efficace » que le CO2 pour l'effet de serre). Le choix serait enfin clair pour nos concitoyens : fossiles ou nucléaire, effet de serre ou déchets nucléaires. Il apparaît en effet, que (hormis l'hydraulique dont le rôle est, au contraire, capital en période de pointe, mais les possibilités additionnelles très limitées5) la production d'électricité d'origine « renouvelable » (éolienne et solaire) ne peut jouer aucun rôle dans la gestion des pointes, le vent étant à capter quand il souffle et le solaire étant en opposition de phase avec la pointe vespérale ! Notre monde n'étant pas parfait il faut faire des choix et avoir l'honnêteté de les assumer.

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L'association "Sauvons le climat" publie son scénario énergétique "Négatep". Celui-ci vise à améliorer l'efficacité énergétique sans renoncer à l'efficacité économique et pose donc la question suivante : peut-on abaisser les rejets de CO2 sans altérer le bien-être de la population ni entraîner de dépenses inconsidérées ?

Lien vers la présentation du livre  : Scénario pour réduire les émissions de CO2 de la France d'ici 2050-2060

Lien vers le Communiqué de Presse du 22 octobre 2021 : Actualisation du Scénario NégaTep : Sortir des énergies fossiles c’est possible !

Lien vers les articles déjà publiés pour l'édition NEGATEP 2017

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