SLC
  • Electricité
  • Gaz à effet de serre
  • Nucléaire
  • Climat
  • Science et technologie
  • Combustibles fossiles
  • Eolien et solaire
  • Production d’énergie

 

Un Grenelle de l'environnement cadenassé

L'initiative prise par le Président de la République de convoquer un " Grenelle de l'Environnement " est judicieuse. Dans son principe elle devait permettre de prendre des décisions nécessaires et urgentes en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre après un large débat où tous les points de vue pourraient s'exprimer. Malheureusement on doit bien constater qu'il y a loin de la coupe aux lèvres. En effet, si on peut espérer que le monde syndical et celui des politiques sera représenté de façon suffisamment exhaustive, on doit constater que le monde associatif ne le sera pas, loin de là.
 
Rappelons que, indépendamment de la fondation Nicolas Hulot, les seules ONG parties prenantes des groupes de travail sont membres de l'Alliance pour la Planète (WWF, Greenpeace, Amis de la Terre, Ecologie sans Frontière, France Nature Environnement, Réseau Action Climat, Ligue de Protection des Oiseaux, Ligue ROC) . Toutes ont signé la demande d'un quadruple moratoire sur l'EPR, sur les OGM, sur les constructions d'autoroutes et sur les incinérateurs.
Pour ce qui concerne le réchauffement climatique, l'Alliance considère que les économies d'énergie et les énergies renouvelables " nouvelles " (éolien et solaire) suffiront à ramener les émissions de CO2 à un niveau suffisamment bas pour que sa concentration dans l'atmosphère se stabilise. La plupart des membres de l'Alliance souhaitent également une sortie plus ou moins rapide du nucléaire. Le monopole de fait qui a été attribué à l'Alliance pour représenter le secteur associatif au Grenelle de l'Environnement pourrait se justifier si cette approche était indiscutable. Il se trouve qu'elle a été très précisément celle suivie depuis une vingtaine d'années par le Danemark. Ainsi, le Danemark est le meilleur élève européen en ce qui concerne l'intensité énergétique(1) qu'il a réussi à ramener à 0,13 tep/k$ alors que la Suède voisine fait, apparemment, beaucoup moins bien avec 0,21 tep/k$. De même le Danemark produit 17% de son électricité grâce aux éoliennes(2), un record mondial, alors que la production éolienne de la Suède est négligeable. Et pourtant, malgré une politique conforme aux souhaits de l'Alliance, chaque danois émet 10,5 tonnes de CO2 alors que les " mauvais élèves " suédois n'en émettent que 6 par tête. On voit sur cet exemple concret, que les recettes proposées par l'Alliance sont, pour le moins, discutables, et qu'il serait extrêmement regrettable que des associations les mettant en cause ne puissent se faire entendre. On pouvait espérer que les ONG de l'Alliance, qui se réclament constamment de la démocratie, auraient à cœur d'assurer une vraie diversité d'opinions dans leur collège. Il semble bien qu'on doive renoncer à cet espoir.
Indépendamment d'une représentation partielle et partiale du secteur associatif on ne peut que s'étonner de constater l'absence de représentation des sociétés savantes, y compris des Académies Scientifiques. La rigueur scientifique ferait-elle peur à certains ?

 

Puisque " Sauvons le Climat " ne semble pas devoir avoir la parole au " Grenelle de l'environnement ", il estime nécessaire de rappeler quelques points essentiels d'une vraie politique de réduction des émissions de gaz à effet de serre, et, plus précisément, de gaz carbonique. Nous les avons détaillés précédemment , dans un récent communiqué et dans un document plus complet accessibles sur notre site www.sauvonsleclimat.org/

  • Evaluer toutes les politiques énergétiques en fonction du critère du tonnage de CO2 évité, et favoriser celles qui en optimisent le coût.
  • Selon ce critère les mesures les plus urgentes consistent à isoler les logements anciens et à réduire le plus vite possible l'usage du fioul et du gaz pour le chauffage. Ceci conduit à encourager le chauffage au bois (surtout dans des réseaux de chaleur), le chauffage solaire, le chauffage électrique soit direct soit à l'aide de pompes à chaleur.
  • Traiter la question de la demande électrique de pointe en réduisant le recours aux centrales à charbon et au gaz. Imposer le captage-stockage du CO2 aux nouvelles centrales à gaz, fioul et charbon.
  • Pour être prêt à faire face à une augmentation des besoins d'électricité de base d'ici 10 ans, lancer sans plus attendre la construction d'un deuxième EPR
  • Décourager l'achat de véhicules fortement émetteurs de CO2 ; encourager l'usage des véhicules propres, particulièrement des voitures urbaines électriques et des voitures hybrides rechargeables.
  • Favoriser les transports en commun, le ferroutage et le transport fluvial.
  • Favoriser le développement de l'éolien et du photovoltaïque là où ils sont rentables pour lutter contre les émissions de CO2 (Corse, TOM DOM, pays en développement).
  • Au contraire, le développement de l'éolien et du photovoltaïque en France continentale ne présentant pas d'intérêt en ce qui concerne les émissions de CO2 renoncer à la pratique de l'obligation d'achat ou réduire considérablement le prix de rachat.
  • Ne pas développer inconsidérément l'usage des biocarburants de première génération, particulièrement du bio-éthanol, dont les performances énergétiques et environnementales sont très discutables, mais accélérer la mise au point des biocarburants de deuxième génération" plante entière ".
  • Augmenter les moyens de recherche publics, et encourager la recherche privée, dans les secteurs les plus prometteurs pour la réduction des émissions de CO2 : stockage de l'électricité (batteries pour les voitures électriques et le stockage des productions intermittentes), le solaire photovoltaïque, son intégration au bâti et ses applications dans les pays en développement, la séquestration du carbone, les biocarburants de 2ème génération, le nucléaire de 4ème génération,...


(1) L'intensité énergétique est la quantité d'énergie dépensée par unité de richesse créée. Elle s'exprime généralement en tonne équivalent pétrole (tep) pour 1000 dollars de PIB, soit tep/k$
(2) A noter que près de la moitié de cette électricité est exportée en Suède et en Norvège, faute d'une demande synchrone avec l'offre.

COMMUNIQUES

Imprimer