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La réunion de Cherbourg organisée par les antinucléaires a eu le succès escompté par ses initiateurs. « Sauvons le Climat » ne saurait s’en réjouir car ce succès n’est pas une bonne nouvelle pour ceux dont la lutte contre le réchauffement climatique est la priorité. Monsieur Lhomme, habile illusionniste, et « Sortir du Nucléaire » ont fait une belle démonstration de propagande à laquelle beaucoup ont été sensibles. Des organisations et partis que l’on croyait sérieux se sont ralliés à la thèse simpliste : TSN, Tout sauf le Nucléaire ! Ils se sont aussi ralliés à l’étude « magique » des « 7 vents du Cotentin » qui mérite donc examen.
Une étude des « 7 vents du Cotentin » qui mérite son nom.

Dans cette étude on confond un investissement productif, l’EPR, qui sera non seulement remboursé par l’électricité vendue mais contribuera aux bénéfices de l’entreprise, avec un ensemble de subventions, de dépenses de recherche et de créations de postes qui devrait être financé par l’impôt et ne produira d’effets qu’associé aux investissements des bénéficiaires. En corrigeant les chiffres de l’étude autant qu’il est possible (voir Annexe jointe) nous trouvons effectivement un coût total de près de deux fois celui de l’EPR pour une électricité économisée ou produite d’un peu plus de la moitié de celle que fournirait l’EPR.

En terme d’emplois rappelons que les coûts de tout investissement industriel couvrent essentiellement les frais de main d’œuvre directs et indirects et la rémunération des actionnaires. A part salariale égale, le nombre d’heures travaillées par Euro investi ne dépend que de la qualification des salariés. Bien sûr, si des équipements sont importés comme dans le cas des éoliennes, les emplois sont, au moins partiellement, situés à l’étranger. Il est exact que les emplois associés au programme EPR ne seront pas tous concentrés dans une seule région mais distribués dans toute la France.
Les antinucléaires ont fait le choix des combustibles fossiles plutôt que du nucléaire. Ils ont renoncé à lutter sérieusement contre le réchauffement climatique tout en amusant la galerie avec des déclarations vertueuses.

Pour « Sauvons le Climat », les propositions d’économie d’énergie et de recours aux énergies renouvelables faites dans l’étude des « 7 vents du Cotentin » ne sont certes pas à rejeter a priori et recouperaient nos propres propositions si elles permettaient de diminuer l’usage des combustibles fossiles. Las, elles ne visent qu’à diminuer la consommation d’électricité pour justifier l’abandon du projet EPR. Elles oublient qu’au rythme actuel, l’augmentation de la consommation d’électricité pendant la période de construction de l’EPR exigera la mise en service d’une puissance égale à 5 fois celle de l’EPR, puissance qui sera essentiellement fournie par des centrales thermiques utilisant du charbon ou du gaz. Elles oublient surtout que nous avons beaucoup plus besoins d’économies de combustibles fossiles – de negatep – que d’économies d’électricité – des negawatt. Au nom du principe TSN les compagnons de route de « Sortir du Nucléaire » se soucient de l’augmentation consécutive des émissions de gaz carbonique comme de colin-tampon. On n’entend guère de protestations de la part des antinucléaires à ce sujet. Certes « Sortir du Nucléaire » est ici fidèle à sa vocation, mais que dire de GreenPeace, des Verts, de CAP21 qui se font les parangons de la lutte contre le réchauffement climatique ? Notons que les uns et les autres ne se soucient pas plus des risques liés aux combustibles fossiles en matière de santé publique.
La prise de position du Parti Socialiste contre l’EPR est une grave erreur

Le Parti Socialiste a déclaré que l’EPR était un projet « dangereux et inutile ». Venant d’un parti qui se veut responsable et appelé à diriger la France, voilà bien une déclaration « dangereuse et démagogique ». En effet il est clair que, pour tous les participants au rassemblement de Cherbourg, l’abandon de l’EPR prélude à l’abandon pur et simple du nucléaire, et c’est d’ailleurs la logique même. Au moment où Allemands, Suédois, Belges, Italiens se posent la question de la soutenabilité de leur choix de sortir du nucléaire, au moment où les Anglais envisagent, malgré leurs ressources gazières et pétrolières, de reprendre la construction de réacteurs, au moment où les Suisses, par referendum populaire, décident de poursuivre le nucléaire, voilà que, sans doute pour récupérer quelques voix antinucléaires, les socialistes français s’engagent avec plus de dix ans de retard dans une voie qui apparaît de plus en plus comme une voie sans issue. « Sauvons le Climat » exhorte le Parti Socialiste à prendre la vraie mesure des risques liés au changement climatique et à mobiliser toute son énergie pour convaincre ses alliés éventuels que là est la priorité absolue en matière d’environnement.
Indécence

A Cherbourg, les antinucléaires ont célébré le 20ème anniversaire de la catastrophe de Tchernobyl. S’ils ont eu lieu, les moments de recueillement en souvenir des victimes ont été bien discrets puisque les médias n’en ont pas rendu compte. Là, comme dans de multiples articles de presse ou émissions de radio et de télévision, la surenchère sur le nombre de victimes fait florès. Jusqu’où ira-t-on dans cette compétition macabre ? Quand se lassera-t-on d’instrumentaliser les victimes dans un but purement idéologique ? Quand cessera-t-on de se réjouir de voir croître le nombre annoncé des victimes pour mieux s’en servir ? Et quand cessera-t-on de diaboliser la radioactivité même à très faible dose, semant la peur et détournant les populations des applications tellement bénéfiques de la radioactivité dans les domaines médicaux et de l’énergie ? « Sauvons le Climat » choisit sans état d’âme le camp de ceux qui soignent et ont soigné les victimes, en particulier les enfants souffrant de cancers de la thyroïde, le camp de ceux qui cherchent à expliquer et répondre aux questions légitimes de nos concitoyens, plutôt que celui de leurs détracteurs haineux et diffamants.


Les combustibles fossiles tuent plus que le nucléaire

Si l’on ne saurait minimiser les conséquences sanitaires de Tchernobyl, il est étrange que ceux là même qui en font le plus grand cas, sont étrangement discrets sur celles de l’utilisation des combustibles fossiles. Or on estime (http://sfp.in2p3.fr/Debat/debat_energie/Fossiles/Pollution.htm)que, sur 20 ans (par exemple entre 1970 et 1990), pour la seule région parisienne, les émissions dues aux transports et au chauffage, ont causé environ dix fois plus de décès prématurés par affections pulmonaires, cardio-vasculaires ou cancéreuses que n’a fait et ne fera Tchernobyl pour le monde entier (notons que, dans les deux cas, l’estimation du nombre de victimes repose sur des modèles dont les prédictions sont à prendre avec prudence). Envisage-t-on pour autant d’interdire la circulation automobile et le chauffage dans la capitale ? Bien sûr que non. On a choisi, avec sagesse, de diminuer les émissions des véhicules modernes, d’encourager l’usage des transports en commun (nucléaires comme dit EDF…), de rendre plus strictes les normes des systèmes de chauffage ; ainsi la qualité de l’air de Paris s’améliore-t-elle progressivement. Le même raisonnement peut être tenu en ce qui concerne les risques routiers. C’est la même démarche raisonnable qu’il y a lieu de tenir après une catastrophe comme celle de Tchernobyl ; cela a été fait par les ingénieurs et techniciens en ce qui concerne la sûreté des réacteurs. C’est cette démarche prudente et efficace que refusent les organisations antinucléaires.


Annexe
Evaluation succincte de l’étude des « 7 Vents du Cotentin »



Les subventions et autres incitations accordées aux économies d’énergie et aux énergies renouvelables sont destinées à les rendre suffisamment compétitives pour que les acteurs industriels ou individuels décident d’investir avec un taux de rentabilité comparable à celui des installations conventionnelles. Pour comparer les voies proposées par « Les 7 vents de la colère » au projet EPR, il faut donc ajouter aux aides les investissements correspondants. C’est ce que nous avons tenté de faire ci-après.



Selon le sommaire de l’étude, qu’on peut trouver sur le site de « Sortir du Nucléaire », on retient

· un financement de 50 Agences Locales de l’Energie à hauteur de 600 Millions d’Euros sans production d’électricité ni investissement directs dans les économies d’énergie. Les actions des ALE visent essentiellement à encourager des investissements par les collectivités locales et dans le résidentiel-tertiaire. Le montant de ces investissements n’est pas mentionné. Nous ne pouvons donc pas retenir les économies annoncées (5,77 TWh/an).

· Des incitations pour les industriels à améliorer l’efficacité énergétique de leurs moteurs pour 140 Millions. Le montant des investissements des industriels n’est pas mentionné. Nous ne pouvons donc pas retenir les économies annoncées (0,80 TWh/an).

· 624 Millions pour promouvoir l’architecture bio-climatique. Cette somme représenterait la moitié du surcoût d’investissement lié à cette technologie. Il s’ensuit que selon les termes mêmes de l’étude le coût réel du programme serait de 1,3 Milliards d’Euros. L’économie d’électricité est estimée à 0,7 TWh. EPR produirait la même quantité d’électricité pour 0,03 Milliards d’Euros. L’investissement serait rentabilisé au bout de 40 ans.

· 300 Millions d’Euros pour encourager le remplacement du chauffage électrique par des poêles à bois. Cette somme permettrait la mise en place d’un système d’abonnement mais les usagers devront finalement payer l’investissement, non chiffré mais qui devrait doubler la somme ci-dessus. L’économie d’électricité est estimée à 3,5 TWh. Ce projet est assez raisonnable et devrait, selon « Sauvons le Climat », être plutôt réservé au remplacement des systèmes de chauffage au fioul ou au gaz. Toutefois, il faudrait faire un bilan écologique complet incluant les émissions de polluants (dioxines, oxydes d’azote, poussières), l’utilisation des sols et de la ressource en eau et la conservation de la biomasse .

· 27 Millions pour permettre des prêts à taux zéros pour des installations de chauffage solaire. Le montant des investissements n’est pas mentionné. Compte tenu des taux d’intérêts actuels on peut toutefois l’estimer à 500 Millions. L’économie est évaluée à 0,47 TWh. L’investissement pourrait être rentabilisé en 25 ans. Encore une fois, pour « Sauvons le Climat »,un tel programme pourrait être surtout intéressant pour remplacer fioul et gaz.

· 759 Millions d’Euros pour encourager la production de bio gaz en prenant en charge 30% de l’investissement. Le total de l’investissement serait alors de 2,53 Milliards d’Euros, pour une production de 2,96 TWh/an, soit 4 fois moins que l’EPR. Selon SLC la production de biogaz est à encourager pour remplacer le gaz naturel qui va coûter de plus en plus cher et pour diminuer la pollution des nappes phréatiques. Cela n’a que peu de choses à voir avec l’EPR.

· 22 Millions d’Euros pour encourager la production éolienne. Compte tenu des tarifs de rachat et de l’obligation d’achat actuels, l’éolien qui, si le programme de ses promoteurs est réalisé coûtera entre 17 et 25 Milliards d’Euros aux consommateurs d’électricité n’a vraiment pas besoin de ces 22 Millions.

· Enfin, 309 Millions pour encourager la R et D sur de nouvelles filières sans objectif quantitatif.

En résumé un programme se montant réellement à 5,7 Milliards d’Euros pour un total des économies d’énergie et de la production de 7,5 TWh/an, soit un investissement près de deux fois plus élevé que celui de l’EPR (3 Milliards d’Euros) pour une électricité économisée ou produite d’un peu plus de la moitié de celle fournie par l’EPR(12 TWh/an).

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