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Hervé Nifenecker, Secrétaire général du collectif Sauvons le Climat

 

Est-il possible de débattre sérieusement de la question nucléaire en France ? La partie à laquelle semble se livrer le gouvernement d'une part, les associations anti-nucléaires d'autre part à l'occasion du débat sur l'EPR peut amener à en douter. Rappelons les péripéties du psychodrame.

Dès les premières réunions de préparation du débat auxquelles nous avons assisté et qui conduisirent à la rédaction du document initial du débat, il nous apparut que les associations antinucléaires les plus dures, tout particulièrement " Sortir du nucléaire " avaient de fortes réserves quant à leur participation au débat : elles s'élevaient contre le fait que les décisions semblaient prises de toute manière. Dès le début les règles nous ont parues claires : le débat public est une occasion pour chacun de s'exprimer, de faire connaître son point de vue au public, aux autorités et à la représentation nationale. Ce ne pouvait être une instance de décision. Chacun, chaque association, pouvait ne pas accepter ces règles et refuser de participer au débat dès le début. Accepter d'y participer c'était en accepter la règle. Pour " Sauvons le Climat ", sous sa forme actuelle, le débat public est, avant tout, un moyen d'améliorer l'information du public sur les données techniques et les enjeux.

Dans sa contribution d'acteur " Sortir de Nucléaire " rappelait l'existence d'un document confidentiel défense émanant d'EDF à destination de l'autorité de sûreté nucléaire. Les termes exacts de " Sortir du Nucléaire " étaient les suivants :

Rappel : le 24 novembre 2003, le Réseau " Sortir du Nucléaire " a rendu public un document confidentiel défense (qui sera faxé sur simple demande au 0664100333), interne à EDF, qui reconnaît que le réacteur EPR est aussi vulnérable que les réacteurs actuels face à un crash suicide style " 11 Septembre 2001 ". EDF a d'ailleurs reconnu l'authenticité de ce document : " un porte parole d'EDF, Olivier Loriot, a indiqué de son côté que la société ne ferait aucun commentaire en raison du caractère " confidentiel défense " de ce document ".

Cette phrase de " Sortir du Nucléaire " apparaissait dans le projet de " Cahier collectif d'acteurs EPR et choix de société " diffusé en juin 2005 par la Commission Particulière du Débat Public EPR. Elle provoqua l'ire du Haut Fonctionnaire de la Défense auprès du Ministère de l'Industrie qui exigea qu'elle soit retirée du cahier collectif définitif. Malgré la demande du président de la CPDP " Sortir du Nucléaire " refusa de supprimer la phrase en cause et le président prit l'initiative de la supprimer de sa propre autorité. Comme s'il n'attendait que cela " Sortir du Nucléaire " cria à la censure et se retira du débat.

Remarquons que la phrase incriminée ne comporte aucun élément de secret-défense et que rien n'empêchait le Ministère de poursuivre " Sortir du Nucléaire " dès diffusion au public du document " confidentiel-défense " lui-même. La démarche du Ministère était-elle simplement maladroite ?

En tous cas Greenpeace et les associations lui étant associées firent monter les enchères en exigeant la levée du secret-défense sur le désormais célèbre document, au reste déjà largement diffusé. Et devant le refus gouvernemental de toute concession les autres organisations antinucléaires se retirèrent du débat comme un seul homme.

" Sauvons le Climat " ne peut que regretter cette guérilla dans laquelle le souci d'informer nos concitoyens semble être le cadet des soucis des protagonistes.

Soucieux de contribuer à l'information de nos concitoyens " Sauvons le Climat " poursuivra sa participation au débat.

 

Le collectif Sauvons le climat, fondé en mai 2004, a pour ambition d'informer nos concitoyens, de manière indépendante de tout groupe de pression ou parti politique, sur les problèmes relatifs au réchauffement climatique et sur les solutions proposées pour le ralentir. Il est doté d'un comité scientifique, présidé par Michel Petit, ancien responsable du groupe français d'experts au GIEC. Son manifeste a déjà été signé par plus de 2000 personnes.

 

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