Henri Prévot
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Personne ne conteste que pour produire un gigawattheure d’électricité (GWh, soit un million de kWh) il faut plus d’emplois à partir d’éoliennes qu’à partir d’énergie nucléaire ; c’est d’autant plus vrai qu’il faut ajouter aux éoliennes ou bien des moyens de stockage énormes et très coûteux ou bien des centrales à gaz ou au charbon pour répondre aux besoins d’électricité lorsqu’il n’y a pas de vent. Donc les éoliennes créent de l’emploi.

Lorsque les consommateurs achètent 1 GWh d’électricité nucléaire, dans leur facture le coût de production pèse pour 40 000 euros environ. Quand l’électricité sera produite par des éoliennes en mer, la production coûtera trois ou quatre fois plus, soit 100 000 € de plus. Il se trouve que, dans l’industrie, la valeur ajoutée moyenne par personne employée est de 100 000 euros. Sans entrer dans les détails, on peut donc penser que cette différence de 100 000 euros permet de rémunérer pendant un an un emploi de plus que lorsque l’électricité est nucléaire. La différence de coût avec le nucléaire est moindre si l’électricité est produite par des éoliennes à terre (qui ne pourront pas beaucoup se développer car elles ne sont pas acceptées) mais beaucoup plus importante pour le photovoltaïque. Retenons donc ce chiffre d’un emploi en plus pendant un an par GWh d’électricité renouvelable, comparé au nucléaire. Cela fait 1000 emplois par térawattheure de production annuelle (1000 GWh) et 400 000 emplois pour remplacer toute la production nucléaire par des éoliennes. Bravo les écologistes, vous avez créé 400 000 emplois dans la production d’électricité !

Mais l’argent dépensé en plus pour produire de l’électricité éolienne au lieu d’électricité nucléaire n’a pas créé un gigawatt de plus. C’est donc une création d’emplois pour rien – sauf la diminution d’un risque ; j’y reviendrai. Si les consommateurs avaient acheté de l’électricité nucléaire, ils auraient utilisé ces 100 000 euros à autre chose. A quoi ? Peut-être à l’achat d’un appareil électronique produit en Chine. Peut-être aussi à financer des enseignants en particulier pour aider les enfants à la traîne ; ou encore des aides soignantes, ou encore des assistantes maternelles, ou encore des policiers, des gardiens de prison, des chercheurs. Combien ? Le ministre de l’Education nationale nous a dit que la suppression de 16 000 postes d’enseignants diminue les dépenses salariales de son ministère de 380 millions d’euros par an. Les 100 000 euros dépensés en plus permettraient donc de maintenir à leur poste 4 enseignants pendant un an. Le même calcul donnera des résultats du même ordre pour les éducateurs ou des policiers ou encore 2 ou 3 chercheurs. Le « contenu en emplois » de 100 000 euros est beaucoup plus élevé dans les services que dans l’industrie, surtout lorsqu’il s’agit de maintenir des emplois.

Une étude du ministère de l’économie arrive à montrer que les décisions du Grenelle de l’environnement ont un effet positif sur le PIB, c'est-à-dire sur l’activité en France. Mais il faut lire l’étude pour mieux comprendre. Tout d’abord, elle dit que l’effet sur l’activité sera positif les premières années puis négatif – donc à peu près nul au total. Et elle compare un scénario d’importation du pétrole avec un autre où les importations sont réduites. Le surcoût des décisions du Grenelle est partiellement financé par une diminution des importations. Or, ici, il s’agit du remplacement du nucléaire par des éoliennes ou du photovoltaïque, ce qui ne diminue aucunement les importations.

Nous consommons aujourd’hui 400 TWh (400 000 GWh) nucléaires par an. En remplacer la moitié par des éoliennes et du photovoltaïque créerait donc 200 000 emplois nets dans le secteur de l’énergie sans production supplémentaire d’électricité et détruirait des emplois (ou, ce qui revient au même, empêcherait d’en créer) au nombre de 400 000 à 500 000 dans d’autres secteurs fort utiles à notre société.

Et je ne compte pas les emplois qui seront perdus lorsque la hausse du prix de l’électricité aura rendu notre industrie moins compétitive.

Les Ateliers nationaux devaient procurer une activité à ceux qui en étaient privés. Il fallait les occuper quel qu’en soit le moyen, même sans aucune valeur ajoutée, quitte à demander aux uns de faire des trous pour les faire reboucher par les autres. En France, aujourd’hui, les idées d’activité utile ne manquent certes pas ; c’est le moyen de les financer qui fait défaut. Les écologistes se trompent donc complètement en essayant d’imiter cette expérience.

Ils veulent nous épargner le risque du très grave accident nucléaire. Sans minimiser ce risque, on peut tout de même noter qu’après l’accident de Fukushima, jusqu’ici la radioactivité n’a pas causé un décès – si ! Le suicide d’un vieil homme que l’on empêchait de revenir chez lui au motif qu’il avait une chance sur cent de contracter un cancer dans les vingt ans à venir, ou quelque chose comme cela. En cas d’accident nucléaire même très grave le risque de mort est très faible, peut-être nul, car l’accident nucléaire laisse le temps d’évacuer les zones à risque, mais il y a le risque de perdre plus ou moins durablement des centaines ou même quelques milliers de kilomètres carrés de territoire. C’est à la fois très grave et extrêmement peu probable. Ce qui est sûr, par contre, c’est que, quelle que soit la production d’électricité éolienne ou photovoltaïque et quels que soient les efforts d’isolation thermique, toute centrale nucléaire en moins c’est, en France ou ailleurs, du gaz ou du charbon en plus avec tous les dommages et les morts que cela causera assurément.

En tout cas, que l’on cesse de dire que l’électricité renouvelable, remplaçant du nucléaire créera des emplois car c’est faux ! Sauf à avoir des œillères, l’évidence s’impose : l’électricité renouvelable, comparée à l’électricité nucléaire, détruirait des emplois par centaines de milliers.

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